Entrepôt Green Dock/ Touche pas à la Seine
Green Dock est un projet d’entrepôt sur Haropa Port à Gennevilliers qui interroge aussi bien par sa taille que par son impact sur l’environnement et les milieux naturels, en particulier sur le site Natura 2000 de l’Île-Saint-Denis et sur les berges de Seine.
Un projet en trompe-l’œil.
Présenté dès son élaboration par le promoteur Goodman comme l’entrepôt du futur, les impacts environnementaux de Green Dock sont venus très rapidement contredire une argumentation qui voulait surtout cacher la dimension financière d’un projet destiné avant tout à redonner une activité économique à une friche logistique de plus de 6 hectares.
Le projet Green Dock qui est issu d’un appel à projet de l’établissement public Haropa Port destiné à valoriser cette friche disponible parmi les 400 hectares du port de Gennevilliers, est par ailleurs conforté par le SDRIF-E qui impose d’adapter la logistique aux enjeux de sobriété foncière et à la décarbonation des transports.
L’aménagement économe du territoire ne peut cependant masquer des impacts environnementaux majeurs révélés en phase de concertation dès juin 2022, puis par l’Autorité environnementale dans son analyse du dossier soumis à enquête publique à partir du 15 octobre 2025.
La multimodalité promise est enfin peu crédible alors que l’embranchement ferroviaire a été supprimé et que le flux de trafic fluvial est annoncé pour représenter à peine 15% du flux total du trafic
Une erreur de casting d’Haropa Port.
La plateforme portuaire du Port de Gennevilliers, gérée par Haropa Port, est un site stratégique pour la région Île de France quant à ses capacités multimodales pour l’industrie et la logistique. Au-delà de ces atouts fondamentaux le Schéma d’Orientation et de Développement Durable (SODD) élaboré par le port de Gennevilliers veille de plus (Objectif 2) à en améliorer son insertion urbaine, paysagère et environnementale. Pourquoi alors proposer un projet tel que Green Dock en totale opposition avec ces objectifs clairement affichés ?
En premier lieu la construction d’un entrepôt constituant une muraille de plus de 32 mètres de haut sur 600 mètres de long ne peut être considérée comme une recherche architecturale assurant l’insertion urbaine annoncée. Les premières habitations d’Epinay-sur-Seine sur le chemin de Halage se trouvent à 200 mètres de l’entrepôt alors que celles de la rue Henri Péronnet se trouvent pour leur part à 300 mètres. Les photomontages biaisés de l’étude d’impact cachent cette saturation du paysage.
Dans une note du 31 août 2023 le préfet des Hauts-de-Seine confirme pour sa part la singularité de la plateforme « avec un enjeu particulier en matière de paysages du fait des dimensions du projet et de situations de covisibilité ».
En deuxième lieu le projet oublie totalement les aspects environnementaux liés en particuliers à la protection de la biodiversité. La majeure partie de l’entrepôt est à 75 mètres du site Natura 2000 de l’Ile-Saint-Denis mais veut ignorer ses impacts réels sur la fragilité du dortoir des grands cormorans, sur la vulnérabilité des habitats de martin-pêcheurs et sternes Pierregarin, liés spécifiquement à la disparition de la trame noire et bleue propre au petit bras de Seine. Les objectifs de renaturation des berges de Seine sur le linéaire de Green Dock sont enfin définitivement abandonnés en totale opposition avec les objectifs du SRCE (Schéma Régional de Cohérence Ecologique) et du schéma des berges associé, de même qu’avec l’action 6d du SODD.
Les rives de Seine ne peuvent pas accueillir ce type d’installation alors que les darses du port ont été conçues et adaptées pour accepter de telles infrastructures et une utilisation optimale de la voie d’eau. Les objectifs de renaturation des berges du port auraient plutôt dû s’appuyer sur la présence de cette friche pour enrichir la biodiversité des deux rives de la Seine en phase avec les projets engagés sur Argenteuil et Epinay-sur-Seine.